Bonjour à tous,
Aujourd’hui je vais vous parler des paires servies, vous savez ces mains qui vous semblent jolies ? Que vous pensez très fortes (après tout 33 c’est mieux que AK) et que l’on a parfois tendance à surjouer énormément !
Je ne vais pas revenir ici sur comment jouer des mains de type « premiums » comme TT/QQ ou AA quoi que cela pourrait aussi mériter un article, mais bien traiter de toutes les paires intermédiaires et des toutes petites paires car elle ne se comportent pas exactement de la même manière.
Commençons par les erreurs les plus souvent commises.
– Le setmining hors-côte : pour les non-initiés setmining signifie l’action de tenter d’aller chercher un « set » (un brelan floppé). Vous avez sans doute déjà lu que l’on touche un brelan floppé une fois sur huit ce qui rendrait un calcul de rentabilité assez facile à faire, si je double mon tapis à chaque fois que je fais brelan je peux engager 1/8ème de mon stack pour aller le chercher. C’est de ce postulat que partent la plupart des erreurs. L’action de setminer n’offre aucune garantie de déstacker l’adversaire, au contraire cela arrive très rarement. En prenant cela en considération on s’aperçoit qu’il faut du coup être très vigilant.
Prenons un exemple simple. Je possède 40K jetons aux blinds 600/1200 et un joueur actif qui me couvre relance à 3000 en milieu de parole. Je suis au HJ avec 44. Ici j’ai bien plus de 8 fois la relance dans mon tapis, je pourrais donc en théorie payer pour aller chercher mon 4. Maintenant face à ce joueur actif rien ne me garantit que je vais tout lui prendre, il peut tout à faire rater le flop auquel cas je ne gagnerai probablement qu’un continuation bet de sa part. Rien ne me garantit non plus que je vais voir le flop, une relance d’un joueur actif payée une fois il n’en faut pas plus pour qu’un bon joueur derrière identifie le bon spot de squeeze et décide de sur-relancer, je me retrouverai alors bien embêté !
Pour résumer de manière simple, avant de setminer il faut tout d’abord vérifier qui il y a derrière, puis estimer correctement la côte implicite que l’on possède sans oublier que l’on peut aussi parfois perdre même avec brelan floppé, cela arrivera d’autant plus souvent si notre paire est faible, en effet avec 33 sur 378 je n’ai aucune chance que mon adversaire possède un brelan inférieur, je peux donc tomber sur un brelan supérieur sans avoir aucune chance que la réciproque soit vraie…
– Une deuxième erreur découle souvent de la première, même si une paire est une « main faite » la jouabilité des paires postflop est souvent très mauvaise, si l’on ne touche pas un brelan au flop il ne reste que plus que 2 cartes dans le paquet pour améliorer. Revenons sur l’exemple précédent. Nous avons donc payé et nous nous retrouvons en heads-up sur un flop J62. Il y a donc deux overcards à notre paire de 4 mais cela reste un flop correct pour notre main, peu de chances que notre adversaire possède un 6 et il peut tout à faire avoir rater ce flop. Il décide d’effectuer un continuation bet moitié pot. Ici payer est une nouvelle erreur, même lorsque notre adversaire bluff il possède quasiment 30% de chances d’améliorer quand nous n’en avons pratiquement pas, de plus il a l’initiative et donc la possibilité de nous bluffer turn ou river. Concrètement notre main devient totalement injouable, et encore, nous sommes en position, heureusement que je ai pris cet exemple en nous plaçant en petite blind !
En conclusion lorsque l’on paye avec une petite paire on ne le fait la majeure partie du temps que pour aller chercher un brelan, continuer la main sans le toucher devient souvent une erreur et même quand l’on touche il n’est jamais évident de tout prendre… Sans compter le fait que l’on peut parfois ne même pas voir le flop tout en ayant engagé de l’argent !
Bien sûr il s’agit ici de généralités, dur de traiter de cas particuliers en un article. Ce que l’on peut rajouter c’est que plus notre paire est forte moins cette argumentation devient vrai, il est plus facile de s’en sortir postflop avec 99 qu’avec 22 lorsque l’on ne touche pas.
Parlons maintenant de quelques cas où jouer notre paire est plus profitable.
– Avoir l’initiative. C’est quelque chose de relativement important puisqu’en étant le relanceur initial on a plus de possibilités de gagner le pot sans toucher, on pourra bluffer les boards favorables par exemple. Les fois où l’on touche brelan, on possède l’initiative de miser donc on pourra se faire un plaisir de rentabiliser notre main. Attention cependant lorsque notre tapis se réduit, relancer une paire revient à un simple vol de blinds pour toutes les raisons évoquées plus haut, si l’on relance 44 UTG avec 20 blinds et que l’on est payé non seulement nous n’avons pas la garantie de tout prendre si l’on touche mais en plus on se retrouve avec une main qui joue extrêmement mal alors que l’on a déjà engagé 10% de notre stack sur un simple minraise. Si je vous parlais de relancer T8s ou A9o UTG avec 20bb vous y seriez probablement opposé, or ce sont des mains qu’il est sans doute plus profitable de relancer avec ces profondeurs qu’une petite paire !
– Etre en grosse blind. Je fais un petit aparté concernant la défense en BB. Quand nous sommes en grosse blind nous avons très souvent de très bonnes côtes pour défendre notre main, alors certes on joue hors de position mais avec la généralisation des minraises il est très profitable de défendre une petite paire même avec une profondeur entre 20 et 30bb puisque l’on ne possède qu’une seule blind à rajouter. Même si l’on joue hors de position le fait de jouer « fit or fold » (soit on touche soit on abandonne tout de suite) réduit le risque de faire des erreurs. Cela induit donc que si l’on ne touche pas le flop il faudra sans doute abandonner immédiatement.
– Etre très short-stack. Si l’on possède un petit tapis par exemple de 9bb ,les paires sont de très bonnes mains pour pousser directement son tapis, la raison principale étant que en plus de notre fold équité (on peut faire passer nos adversaires) on sera très souvent en situation de coin flip lorsque l’on sera payé ce qui avec un petit tapis et un bon résultat. Par contre soyez vigilants lorsqu’il y a déjà une relance, faire tapis sur une relance avec une toute petite paire est risqué, on prend le risque de se faire payer par le relanceur initial qui n’aura pas manqué de relancer les paires meilleures que la nôtre, il faut bien être sûr d’avoir assez de chances de faire fold notre adversaire ce qui induit que le pourcentage de relance est important, sinon il faudra prier pour que les 18% de chances de gagner le coup suffisent !
En conclusion générale je dirais que même s’il est difficile de théoriser le jeu des petites paires il est facile d’éviter les erreurs principales. Plus l’on possède de profondeur plus jouer une petite paire est rentable où à l’inverse quand on est très short stack cela peut bien sûr être une main idéale pour partir à tapis. Il faut toujours prendre plus d’un paramètre en compte et estimer la côte implicite que l’on possède. Enfin lorsque l’on ne touche pas de brelan il ne faut jamais oublier que le potentiel postflop d’une paire est très mauvais!
Quentin Lecomte – Team Pro Unibet.fr
Source : Poker52 (mars)