Cette cool story s’est passée il y a un peu plus de 3 ans et je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais racontée depuis.
Enfin si je sais pourquoi ! D’abord parce qu’il n’y a pas de chute marrante, il s’agit plus d’un enchaînement de boulettes. Et ensuite parce que cette histoire totalement vraie de A à Z contient de véritables morceaux de brag gros comme des pastèques d’Andalousie du Sud-Est.
Mais bon. Comme le temps-poker passe très vite, il faut faire comme si chaque coverage était le dernier pour en profiter pleinement et ne pas attendre que tout s’arrête pour commencer à regretter d’avoir partager le maximum.
On est bientôt en octobre 2012 aux WSOPE de Cannes pour la deuxième année consécutive. Le festival dure deux semaines avec les premiers Bracelets Events pour la première et le Main Event pour la seconde. Je travaille alors pour Poker52 et ma mission pour ce festival va s’avérer inédite pour moi :
je dois tourner puis publier des vidéos avec de prestigieux invités en première semaine puis enchaîner avec un coverage classique du Main Event.
Je n’avais aucune appréhension quant au tournoi principal puisqu’on attendait encore cette année l’un des plus jolis fields jamais vus en France : les meilleurs Français, le Top100 du GPI, les November Nine de ces dernières années, des vainqueurs de bracelets WSOP… ils étaient venus, ils étaient tous là !
En revanche, je flippais de plus en plus concernant ces fameuses vidéos.
Lors de l’EPT Monte Carlo 2012, j’avais joué à chifoumi avec Isildur et fait un blind-test avec Liv Boeree devant la caméra de Tapis Volant à l’époque. J’avais alors eu la riche idée d’aller plus loin en proposant à des joueurs de les faire pratiquer une activité qu’ils aiment. Après un brainstorming personnel, j’avais lancé à Bruno Benveniste, le boss de Poker52, de faire un basket avec Jason Mercier, de la guitare avec Liv Boeree, du hockey avec Jonathan Duhamel et je-ne-sais-pas-encore-quoi avec Davidi Kitai.
Je ne sais toujours pas s’il y a cru à ce moment-là mais toujours est-il qu’il m’a fait confiance et m’a surtout «prêté» Camille pour faire ces vidéos (la camerawoman/monteuse de Poker52), étant donné que je ne sais ni filmer, ni monter. Je m’occuperai des interviews pendant les vidéos mais il faut surtout que j’organise tout en amont : convaincre ces joueurs, quelle activité faire, où la faire, quand la faire… et tout ça pour un budget de zéro euro évidemment.
Pour Duhamel, je contacte le président du club de hockey de Nice qui accepte très vite de nous prêter sa patinoire et ses joueurs. Je comprendrai après qu’il est fan de poker. Par contre Duhamel me répond qu’il compte jouer tous les Bracelets Events et qu’il n’aura certainement pas le temps.
Ok, on oublie Duhamel et le hockey.
Je contacte Liv Boeree (que je connais un tout petit peu) et Jason Mercier (que je ne connais pas du tout) via Facebook pour leur expliquer exactement la chose. La première accepte tout de suite sans poser la moindre question, si ce n’est lequel de nous deux va jouer quelle partie de guitare dans le morceau de Metallica prévu.
Le second acceptera un peu plus tardivement mais toujours sans la moindre exigence et me demandera même s’il pourra venir avec Vanessa Selbst.
Je trouve l’endroit parfait pour la guitare : un immense magasin de musique à Antibes qui possède même des salles de répétitions insonorisées. J’arrive à convaincre le patron sans trop de mal et surtout après l’avoir invité à taper «Liv+Boeree» sur Google Images. Oui, on est tous les mêmes !
Et l’endroit parfait pour le basket : le club de la Bocca situé à 15 minutes en voiture.
Malheureusement Davidi vient de spew son PPT à la bulle et est donc incertain pour ces WSOPE. Il préfère annuler la vidéo et je propose aussitôt Nicolas Cardyn à la place pour une interview lors d’une sortie nautique.
C’est bouclé tel quel ! On devra donc fabriquer 3 vidéos durant ces 7 premiers jours de festival. Qu’est-ce que ça semble simple sur le papier… Voilà pour la théorie…
En pratique, Liv Boeree n’arrivera finalement que le 5ème jour et on n’aura donc que 2 jours pour synchroniser son planning, le magasin d’Antibes et nous.
Bon, on a maintenant 5 jours pour faire les 2 autres vidéos.
Jason Mercier est quant à lui bien arrivé au début du festival mais il a deep-run tous les Bracelets Events. Le seul jour où il n’a pas joué c’était pour aller rail son poto Dan O’brien qui lui-même avait fini en heads-up tard dans la nuit.
De plus, la météo était catastrophique ces premiers jours et il était donc impossible d’aller en mer avec Nicolas Cardyn.
Résultats au quatrième jour : on n’a toujours pas la moindre image d’aucun d’eux et ça sent la catastrophe. Mon boss Bruno ne m’a toujours pas appelé pour gueuler et je crois que c’est ça qui m’a mis encore plus de pression ! Il va falloir qu’on se sorte les doigts !
Dans l’après-midi du 5ème jour, on tourne finalement l’interview de Nicolas Cardyn mais au bord de la piscine du Majestic, on a abandonné toute idée d’aller en mer. Notre première vidéo est enfin en cours de tournage.
Le soir-même, Jason Mercier me contacte enfin pour me dire qu’il sera disponible le lendemain. Je contacte aussitôt le club de basket et le rendez-vous est pris. On tournera donc cette vidéo le 6ème jour, non pas avec lui et Vanessa Selbst comme prévu mais avec lui et Kyle Julius.
Tout s’est finalement très bien passé et cette seconde vidéo est dans la boite.
Super nouvelle au même moment, Liv Boeree m’écrit à son tour pour me dire que c’est ok pour le lendemain. Le rendez-vous avec le magasin est aussi enfin pris !
Le soir de ce 6ème jour, on finit l’interview de Nicolas Cardyn au Carré d’Or (regroupement de bars à Cannes) et cette première vidéo est enfin dans la boite.
Dans le même bar, Liv Boeree est d’ailleurs présente avec des copines. L’alcool coule et descend rapidement. La fête bat de plus en plus son plein et Liv (encore un peu lucide) me propose de reculer le rendez-vous de demain matin de 10h à 11h. Deal accepted !
Puis plus la soirée avance, plus on enchaîne les verres et plus ça devient compliqué.
On rentre tous chez nous vers 5h et elle me renvoie un Whatsapp pour me dire que midi serait encore mieux que 11h.
Moi aussi encore un peu lucide, je sais que c’est notre dernier jour de tournage et qu’il ne faut pas se louper. Je décide donc de mettre le volume de mon portable à fond pour ne pas zapper son réveil. Je le branche même à l’autre extrémité de ma chambre pour avoir à me lever pour l’éteindre lorsqu’il va sonner. Oui combien de fois je me suis re-réveillé avec mon portable dans la main alors que je m’étais déjà rendormi avant même d’avoir reprogrammé son réveil ?
Au 7ème jour à midi, je me lève comme prévu, j’amène Liv et Camille à Antibes et le tournage de la vidéo commence. Aussi par manque de temps, on n’a pu faire que deux prises du morceau de Metallica mais c’était déjà suffisant.
La troisième et dernière vidéo est enfin dans la boite. Mission accomplie, de justesse !!!
L’après-midi de ce 7ème jour, aucune des 3 vidéos n’est encore publiée mais sont en cours. Mon boss Bruno m’appelle enfin et me demande si ça s’est bien passé. Il termine en me mettant un petit coup de pression en me disant un truc du genre : «Bon bah tu t’es bien amusé pendant 7 jours, à partir de demain tu vas taffer comme un dingue sur le coverage du Main Event comme prévu.»
Dans l’après-midi, je me rends au Majestic pour aller jeter un coup d’oeil sur les Events en cours, comme pour m’imprégner de l’atmosphère avant la grande messe du lendemain.
Je me retrouve alors à me balader dans une salle annexe où se sont perdues 3 ou 4 tables d’un petit tournoi mais où l’on retrouve tout de même Daniel Negreanu. Avec si peu de joueurs dans cette petite salle, le silence est assourdissant en comparaison avec le bruit ambiant d’une grande salle.
Au moment où je traverse ces tables, mon portable se met à sonner… avec le volume A FOND !!! Je vous rappelle que je ne l’ai pas re-réglé depuis le réveil de ce matin.
Et là j’entends : «SHUUUUT UUUUP !!!!» . C’est Daniel Negreanu qui n’a pas du tout apprécié.
Je m’excuse aussitôt et là c’est lui qui s’excuse car il pensait que ça venait d’un joueur qu’il avait pris en grippe un peu plus tôt. Mais trop tard, je suis hyper gêné et vite mort de honte. Je mets mon portable en silencieux et m’enfuis aussitôt.
Au matin du 8ème jour, Day 1A du Main Event (à midi), il est déjà 13h et j’entends un simili bruit de tondeuse au loin dans ma chambre. MEEEEERDE !!! C’est mon portable qui vibre, je n’avais pas remis le son ! Je ne me suis pas réveillé ! C’est Bruno qui m’appelle pour me demander ce que je fous ! Ce fail de malade ! Ce fut la première (et dernière fois) que je ne me réveille pas pour un coverage.
J’arrive finalement avec 2 heures de retard à mon premier jour de coverage.
Plus tard, je me retrouve à genou entre deux tables pour prendre une photo d’Antonio Esfandiari. Au moment de le shooter avec l’oeil dans le viseur, le joueur assis derrière moi se met à reculer brusquement son siège et m’enfonce alors mon appareil photo en pleine tronche et ma tête tape même le dossier du croupier. Je me retourne, et là c’est Daniel Negreanu qui s’étonne de me revoir et s’excuse. Et je conclus par « Yes sorry, it’s me again, the pain in your ass…»
Et voilà, c’était la fameuse pas-de-chute de cette anecdote fleuve.
Après cette petite mise en bouche, rendez-vous tous les jours à partir de midi pour suivre le coverage du Main Event de cet EPT Prague 2015.
Ne vous inquiétez pas, j’y serai présent dès 11h30 tous les jours 🙂
