Chroniques & ArticlesLa Team

ITV : Quentin revient sur son BPT Enghien + Analyse de 2 coups clé durant le BPT

By 28 juillet 2013 août 31st, 2013 Aucun commentaire

Bonjour Quentin. Tu as fini 9ème/198 du BPT Enghien pour ton tout premier live en tant que Team Pro Unibet.fr. Tu étais forcément déçu d’échouer une nouvelle fois en table finale, mais aujourd’hui avec 8 jours de recul, comment digères-tu ce résultat ?

 

Il est vrai que j’ai été très déçu sur le coup, c’est toujours extrêmement frustrant d’aller vraiment loin dans un tournoi et de s’arrêter à la 9ème place.
Après, il faut relativiser la chose. Tout d’abord, le format du BPT fait que l’essentiel était de finir dans le top 10, tout le reste étant du bonus. Quand je regarde mon parcours, même si j’ai décollé au milieu du Day 2, je suis toujours resté sous la moyenne donc faire 9ème est déjà une belle réussite et je ne pouvais pas prétendre à beaucoup mieux. De plus, je me qualifie pour l’un des plus beaux tournois de l’année [Main Event WSOPE], le seul que je ne pensais pas forcément jouer au cours de ma carrière même si j’ai déjà participé à un main event WPT [Montréal] et EPT :Deauville. Donc oui, maintenant que j’ai digéré la déception je suis vraiment très content de ma performance et je n’ai aucun regret.

Les BPT sont réputés pour être des fields relativement faibles mais l’étape d’Enghien est normalement sensée être la moins facile de l’année. Qu’en penses-tu ?

 

La caractéristique des BPT c’est que le field est très hétérogène, surtout à Enghien ! Il y a beaucoup de réguliers parisiens qui sont de meilleurs joueurs de live que les provinciaux mais également beaucoup de gamblers d’Enghien et une tonne de qualifiés live…

Le seat-draw est très important. Ma première table du Day1, par exemple, n’était pas simple alors que toutes les suivantes jusqu’au milieu du Day2 correspondaient beaucoup plus à mon style de jeu. Après, comme théoriquement dans tous les tournois, le field se durcit au fur et à mesure et je me suis retrouvé  au Day2 juste avant la bulle à la table de la mort composée de Philippe Ktorza, Patrick Schuhl, Adrien Allain, Ronan Monfort et Brian Benhamou… ce qui ne serait jamais arrivé sur un BPT de province car la majorité de ces joueurs ne les jouent pas. Donc sur la fin, : le field était un peu plus dur mais il y avait encore de belles tables. L’essentiel c’est vraiment d’avoir de la chance au tirage et de savoir faire le dos rond à une table difficile en attendant une autre plus favorable.

Tu as partagé cette table finale avec Ronan Monfort (6ème) ainsi qu’avec Jacques Guenni (vainqueur) qui est de la Team Barbapapa dont tu es également très proche ?

 

De mémoire, je n’avais jamais fait TF d’un gros tournoi en France avec un de mes amis proche du circuit. Et c’est quelque chose qui m’a rendu très heureux. Je connais Ronan depuis longtemps maintenant et nous sommes très proches donc c’était très agréable de faire ce deep-run tous les deux. D’autant plus que cela veut dire que nous participerons tous les deux au WSOPE Main Event, avec Steven Moreau également. C’est dingue de se dire qu’on participera tous les trois en même temps à un tel tournoi …quand tu penses qu’on se rencontrait sur un DSO il y a un peu plus de deux ans…

De manière générale, entre 30 lefts et la table finale, j’ai joué avec beaucoup de joueurs que j’apprécie énormément et c’était vraiment très sympathique. Ma table finale a été trop courte mais je suis resté jusqu’à la fin. Assister au triomphe de Jacques était un gros moment. Cela faisait très longtemps qu’il attendait un titre sur le circuit et gagner près de chez lui à Enghien devant tous ses amis était un beau moment d’émotion. Je suis vraiment ravi pour lui et ce tournoi nous a encore plus rapproché.

Peux-tu nous parler de ta préparation mentale ainsi que l’hygiène de vie que tu t’es imposée pour cette nouvelle année qui commence pour toi ?

Je pense que la partie que délaisse les joueurs de poker c’est la préparation «hors-poker» avant un tournoi. Je me suis rendu compte qu’arriver en ayant mal dormi, mal mangé et sans avoir fait de sport depuis plusieurs mois, on avait beaucoup plus de chances de finir par faire une grosse erreur ou un gros spew par manque de concentration. Du coup, j’ai décidé de mettre toutes les chances de mon côté pour être capable de rester solide à n’importe quel moment du tournoi et surtout de ne jamais tilter lorsque je prends un mauvais coup. J’ai arrêté de me lever après 10H du matin. La vie du joueur de poker impose peu de contraintes et beaucoup se couchent à mon avis trop tard. On dort moins bien quand on va au lit à 6H qu’à minuit !

Ensuite, ne serait-ce que pour mon équilibre personnel et pour évacuer la pression, je me sens obligé de faire du sport quasi quotidiennement et je vois la différence depuis quelques semaines. Même chose au niveau de l’alimentation, je ne m’autorise des excès que lorsque j’ai envie de me faire plaisir. C’est tout de même beaucoup mieux quand je me prépare des repas équilibrés moi-même que lorsque je mange dans un fast food ou une pizza. D’autant plus que quand tu es joueur de poker, tu ne fais pas forcément beaucoup d’exercice physique.

 

Quels débuts chez Unibet ! Tu finis runner-up du 40k garantis du Dimanche soir pour ta toute première session online et tu finis ITM + table finale + package WSOPE à 12.000€ pour ton tout premier live. Quelle est la suite de ton programme ?

 

Je suis du bon côté de la variance depuis début 2013, soyons honnêtes ! Mes débuts sont largement au-delà de mes espérances et le plus dur va être de confirmer. Je me sens bien dans mon jeu et c’est l’essentiel. Si je continue à être satisfait de la manière dont j’aborde mes sessions de jeu, que ça soit live ou online, ainsi que la manière dont je gère mon rythme de vie je continuerai de mettre toutes les chances de mon côté. Le poker est un jeu où on ne contrôle pas tous les paramètres. Si j’arrive déjà à mettre les bonnes choses en place sur les domaines que je maitrise, je serai donc satisfait ; même si le run good ne durera pas éternellement.

La suite du programme c’est un mois de repos sans tournoi live. Je vais sans doute jouer régulièrement online, surtout en Cash Game ainsi que quelques longues sessions de Cash Game live. Mais ce sera assez soft et je vais profiter du fait que mes amis hors-poker soient en vacances d’été.

Ensuite la rentrée sera chargée ! J’irai probablement au DSO Gujan-Mestras pour allier soleil et poker et reprendre en douceur avant les choses sérieuses. Il y aura ensuite le BPT Lille où j’essayerais de faire ma 3ème table finale consécutive sur un BPT puis l’Unibet Open de Cannes que j’attends avec impatience. Cela s’annonce comme une grande réussite et je serais présent pour accueillir toute la communauté Unibet France. J’enchainerai la semaine suivante avec le FPS avant de jouer en Octobre deux tournois qui me font rêver, l’EPT Londres puis le Main Event des WSOPE.

 

Quentin2


Master Class :
2 mains jouées par Quentin dans ce BPT

 


Il reste 64/198 joueurs pour 24 places payées (dont 10 packages WSOPE).

On est aux blinds 1500/3000-400 avec une moyenne à 110k,
Tu as 105k de stack et Alexfullevry doit avoir 150k.
Il raise à 7k du hi-jack et tu découvres en BB.
Tu peux nous raconter la suite ? 

 

Nous sommes à la table ensemble depuis le début de la journée et il a joué beaucoup de coups. Je l’ai observé attentivement et j’ai essayé de trouver la logique dans ses «bettings patterns» (c’est-à-dire ses sizings et sa manière de miser). Il s’avère qu’au moment de cette main, j’ai de plus en plus de reads sur lui et le premier c’est qu’il a tendance à relancer plus fort ses mains fortes. De plus, il est récemment passé chip-leader de la table et commence à être de plus en plus actif. Ici, il fait un petit sizing dans une position parfaite pour voler donc j’estime que sa range est très large. Ici, avec , je peux clairement défendre mais je ne possède que 35bb au début de la main et j’avais décidé de jouer agressivement les coups dans lesquels je m’engageais même hors de position (ce que je n’aurais pas fait au Day 1 par exemple). J’ai donc décidé de 3-bet en adaptant mon sizing à la situation et au profil de mon adversaire qui était assez collant et enclin à payer en position si je ne faisais pas assez cher. Voilà pourquoi je fais 23K. Maintenant il décide de payer. A ce moment là le pot fait déjà 50K et je n’ai plus que 80000 jetons derrière.

Le flop vient C’est un flop favorable pour ma main surtout vu le peu de jetons qu’il me reste derrière. J’ai de bonnes chances de me faire payer par un tirage mais aussi par des paires moyennes :7x :7x – :9x :9x. Je décide de c-bet pour partir à tapis à 25K mais mon adversaire paye encore créant un pot de 100K jetons alors qu’il ne m’en reste sur 53000. Je sais déjà que si la turn n’est pas un trèfle je ferai alors tapis.

La turn m’est très favorable puisque c’est le .
Je sais ici que mon adversaire n’a pas amélioré et je domine toujours une partie importante de sa range. Je fais donc tapis et il me paye assez vite avec Il n’améliore pas river et je remporte donc le coup. Pour moi c’est une main relativement classique de mon côté et beaucoup plus close du sien, il ne bat que des main du type ou voir car clairement je ne fais jamais tapis ici sans un minimum d’équité. Et même contre ces mains-là, sa paire de 2 n’est pas favorite au flop et n’est favorite que de 65% à la turn tandis qu’il peut déjà être quasiment drawing dead si j’ai une overpaire ou une top paire avec un trèfle en main.

Arrive alors le coup qui t’empêchera de bien te positionner pour la table finale.
Il reste 14/198 joueurs pour 10 packages WSOPE.
On est aux blinds 8k/16k-2k.
Tu relances à 32k du bouton avec :9x – :9x et Bernard Elfvering défend de BB.

Tout d’abord, il faut savoir que je n’aie que 300K au début de la main, ce qui représente un peu moins de 20bb. Nous ne sommes donc pas très profonds même si mon adversaire me couvre largement à ce moment-là. Mon min-raise au bouton est relativement standard avec une main aussi forte même si j’aurais aussi pu décider d’open-shove. Pré-flop, Bernard défend pas mal de mains donc quand il call ici, c’est avec une range assez large.

Le flop tombe et il check logiquement.
Ici, je décide de check-back : toutes les mains contre lesquelles j’ai de la value (petites paires, KQ, AQ, AK) auraient fait tapis pré-flop sur ma relance vu les profondeurs. Du coup, j’estime ne pas avoir de value à prendre et je n’ai pas besoin de protéger. Je suis soit « way ahead » soit « way behind » !

Le turn est un et il lead 39K.
A ce moment-là, je ne suis pas super content : le pot va devenir énorme et ma main n’est qu’un bluff-catcher (je ne bats qu’un bluff). Néanmoins, je prends le temps de l’observer et je le sens mal à l’aise, son rythme cardiaque est très élevé et je décide donc de payer.

La river est un Cela change peu de choses et j’ai remarqué que beaucoup de joueurs de live bluff systématiquement la river si ils ont misé la turn dans ce genre de spot : il décide de miser 49K.
Ici, j’ai décidé de suivre mon plan et donc de payer mais je regrette un peu de ne pas avoir réévalué. Il mise très petit : moins d’1/3 du pot ce qui ressemble beaucoup à un value bet et je ne pense pas qu’il soit en train de bluffer en feignant de vouloir se faire payer. Je me suis attaché à respecter mon plan turn sans attacher d’importance à prendre sa mise RIVER en considération. Au final, il me montre pour une défense pré-flop totalement catastrophique mais un coup bien joué post-flop avec un value/blocking bet river que je n’aie pas su déceler.

 

Propos recueillis par Tommy Mandel

Répondre